DÉCENTRALISATION AU BÉNIN : Quel bilan pour les communes après deux décennies de réformes ?

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La décentralisation, instaurée au Bénin dans les années 2000, s’était voulue une réponse aux aspirations de proximité, de participation citoyenne et de développement équilibré des territoires. Plus de vingt ans après, l’heure est à l’évaluation des performances des communes et des limites du modèle en place. Car si des avancées notables sont indéniables, les promesses initiales peinent encore à se traduire en transformations profondes et durables pour les populations.

Dans de nombreuses communes, les infrastructures de base ont connu une amélioration sensible. Routes, écoles, centres de santé, électrification rurale ou encore marchés locaux ont vu le jour grâce aux budgets transférés par l’État central et à la mobilisation des recettes propres. Ce bilan matériel témoigne d’une certaine efficacité de la décentralisation dans la réponse aux besoins immédiats des citoyens. De plus, l’implication accrue des élus locaux a favorisé une meilleure appropriation des projets et un sentiment de proximité dans la gestion des affaires publiques.

Cependant, au-delà de ces réalisations, la gouvernance locale révèle des fragilités structurelles. Le manque de moyens financiers demeure une préoccupation majeure. Beaucoup de communes dépendent encore largement des dotations de l’État, limitant leur autonomie réelle et leur capacité à initier des projets ambitieux. À cela s’ajoutent les insuffisances en matière de ressources humaines qualifiées. Les services techniques communaux, souvent sous-dotés, peinent à assurer une planification stratégique et un suivi rigoureux des projets.

Les pratiques de gouvernance constituent également un défi. Des cas de mauvaise gestion, de clientélisme et de conflits d’intérêts persistent, affaiblissant la confiance des populations et freinant l’élan de développement local. Par ailleurs, la participation citoyenne, qui devait être au cœur de la réforme, reste timide. Si des cadres de concertation existent, ils sont parfois réduits à de simples formalités, éloignant les citoyens de la prise de décision effective.

À l’heure où le Bénin s’apprête à consolider ses institutions locales et à renforcer la démocratie à la base, il apparaît urgent de revisiter certains aspects du processus de décentralisation. L’enjeu est double : garantir une véritable autonomie financière aux communes et instaurer des mécanismes de gouvernance plus transparents et inclusifs. Le renforcement des capacités des élus et des agents communaux, de même qu’une meilleure implication de la société civile, sont des leviers indispensables pour donner un nouveau souffle à la décentralisation.

Pour finir, il faut dire que les communes béninoises ont parcouru un chemin non négligeable depuis le lancement de la réforme. Mais entre les promesses de départ et la réalité actuelle, un écart subsiste. Réduire ce fossé est sans doute l’un des défis majeurs pour assurer que la décentralisation ne soit pas seulement un slogan institutionnel, mais bien un véritable moteur de développement et de justice sociale pour tous.

✍️ Sébastien YANGA

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