À TRAVERS UNE SÉANCE INITIÉE PAR LA COMMISSION NATIONALE DE LANGUE WAAMA À NATITINGOU : Les Ourouba de la communauté Waama s’approprient la nouvelle loi sur la chefferie

Réunis à Natitingou le samedi 19 juillet 2025 à l’invitation de la Commission Nationale de Langue Waama (CNLW), les chefs traditionnels Waaba ont pris connaissance des dispositions de la loi n°2025-9 portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin. La rencontre s’est tenue à la Maison des jeunes et des loisirs en présence de plusieurs personnalités, dont le Dr Sanni Gasso, vice-président du bureau national de la CNLW représentant le président David Nawan, empêché, ainsi que Sabropa Tcharo président de la section Natitingou, Batibo Désiré Briga, Robert Bebo, le Ouro Dassakaté et d’autres membres influents de la section CNLW Natitingou. Étaient également présents des figures royales, des autorités municipales et des représentants de la communauté.
Adoptée récemment par l’Assemblée nationale, la loi vise à reconnaître le rôle des autorités coutumières dans la société béninoise et à encadrer leurs attributions. Elle fixe les modalités de désignation, de reconnaissance officielle par l’État, et définit les limites d’intervention des chefs traditionnels. Or, malgré son entrée en vigueur il y a quelques mois, son contenu reste encore mal maîtrisé par bon nombre d’acteurs concernés. C’est pour combler ce déficit de compréhension que cette séance d’information a été organisée.
Dans son mot d’ouverture, le deuxième adjoint au maire de Natitingou, Émile Nata Okammati, a salué l’initiative et rappelé l’importance des chefs traditionnels dans le maintien de la cohésion sociale et la préservation des valeurs culturelles. «Qu’ils soient d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, les chefs traditionnels restent des piliers de notre société», a-t-il affirmé, soulignant la nécessité d’un cadre juridique clair qui respecte les réalités locales.
Prenant ensuite la parole, le Dr Sanni Gasso a insisté sur la nécessité pour les Ourouba de la communauté de s’approprier la loi afin d’exercer leur autorité dans le strict respect des textes en vigueur. Selon lui, cette rencontre visait à lever les zones d’ombre, prévenir les conflits d’interprétation et favoriser une application uniforme de la loi au sein de toutes les tribus Waaba, notamment les Tangamba, Nassiba, Daataba et Yimpomba. «La loi est désormais promulguée. Elle s’impose à tous et mérite d’être bien comprise par ceux qu’elle concerne au premier chef », a-t-il martelé, tout en rappelant les efforts fournis en amont par la communauté pour contribuer à l’organisation de cette séance.
Les échanges ont donné lieu à des débats nourris. Plusieurs Ourouba ont soulevé des inquiétudes, en particulier sur les conditions de reconnaissance officielle, les modalités de succession, ainsi que la place accordée à leur entité dans l’organisation générale de la chefferie au Bénin. Nombre d’entre eux ont vivement critiqué le fait que la communauté des Waaba ne soit pas considérée comme un royaume dans le nouveau dispositif légal, ce qui, selon eux, porte atteinte à leur histoire et à leur dignité. Une forte revendication a été exprimée, celle de voir leur entité figurer officiellement parmi les royaumes reconnus par l’État.
Au-delà des frustrations, les interventions ont témoigné d’une volonté collective d’adapter l’autorité traditionnelle aux exigences de l’État de droit, sans renier les pratiques ancestrales. Pour les dignitaires présents, il est essentiel d’harmoniser les traditions avec le cadre juridique national afin d’assurer une gouvernance locale apaisée et légitime.
À l’issue de la rencontre, les chefs traditionnels Waaba ont exprimé leur satisfaction pour cette initiative jugée salutaire. Ils ont appelé les cadres de la communauté à œuvrer ensemble pour que leur patrimoine institutionnel soit pleinement reconnu dans le dispositif légal béninois.
✍️ Sébastien YANGA
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